Carthagène – Panama City

Deux semaines après notre retour en Suisse, trouver l’énergie de narrer nos dernières aventures n’est pas simple. Mais on a bien envie de fermer cette boucle. C’est parti.

Après le vélo, l’avion, le bus ou encore la planche à voile, on change encore de moyen de transport. Cette fois ce sera un bateau à voile pour 5 nuits!

Le départ est prévu le mercredi 23 mars mais peut encore changer en fonction de la météo. Ce ne sera heureusement pas le cas et on rencontre donc le capitaine et les huit autres passagers à 10h au port. On se rend tous sur l’embarcation pour payer le voyage et déposer nos affaires (et nos vélos) puis on repart errer dans Carthagène toute la journée. Deux missions: trouver des musées climatisés et faire les emplettes d’usage (pilules contre le mal de mer et « plus d’alcool que vous prévoyez à la base »). Côté musées, légère déception: ceux qui sont ouverts n’ont pas de clim’ mais on en apprend plus sur l’art moderne et l’inquisition espagnole. Côté emplettes, on se trouvait optimistes avec une mini bouteille de rhum, trois de vin et 22 bières. On réalisera plus tard que les autres ont fait bien plus fort avec du gin, et de quoi enivrer un régiment!
Bien transpirants, on se retrouve à 22h pour le véritable embarquement . De rapides présentations et d’amples explications sur le fonctionnement des toilettes et le système de hublots (ne pas ouvrir quand on est en mer car il y a un risque que l’eau pénètre dans la cabine et bousille le matériel) plus tard, on lève l’ancre.

Arion et Melvin sur le pont du Quest
Nos bolides à bord du Quest

La première nuit s’annonce être la plus difficile, selon le capitaine du « Quest ». Il recommande d’éviter l’alcool et de prendre rapidement des pastilles contre le mal de mer. Tout fous malgré tout, on reste debout, une bière à la main, jusqu’à la sortie de la baie protégée. Vaguement conscients qu’on va payer à partir de ce moment-là, on tente d’aller se coucher avant de débarquer sur l’océan. On a bien fait parce que qu’est-ce que ça tangue après! Le moindre déplacement est périlleux puisque tout le monde est projeté d’un côté puis de l’autre. Dormir est un défi!

Hommes comme femmes doivent bien se concentrer pour rester sur la cuvette des WC et tous attendent que l’on jette l’ancre. Le problème c’est qu’on est parti pour environ 30 heures de navigation (donc deux nuits). Les plus sensibles au mal de mer sont repérés rapidement, même si certains dévoilent leurs cartes en fin de partie. Les bols en plastique sont utilisés à chaque repas et les cuillères n’arrivent pas toujours pleines dans les bouches de chacun mais on y croit! La journée entière passe à ne voir ni rien ni personne à l’horizon, sauf des dauphins qui jouent avec la proue dès le génois hissé.
Malgré tout, Goeran, le capitaine, nous promet que tout en vaudra la chandelle dès qu’on atteindra la première île de San Blas le lendemain matin.

Wow

Et il a pas tort le bougre. La première, et toutes les suivantes, sont incroyables. On a l’impression d’être dans une carte postale: le ciel est bleu avec peut-être deux mini nuages, le sable est blanc, l’eau est turquoise, les poissons se cachent dans les récifs, prêts à être admirés, tandis que les cocotiers s’étirent dans tous les sens sur le petit bout de terre émergé. Il n’y a personne d’autre que nous et pas un autre voilier à l’horizon! Encore un peu intimidés par ce paysage, on part à la découverte de ce dernier avec les autres. Le tour de l’île est réalisé rapidement et chacun tente de se faire à cette nouvelle réalité. L’endroit est même la scène d’une demande en mariage au coucher de soleil. Rinke a accepté!

Qui dit îles paradisiaques, dit snorkeling. Une première pour nous. Avec une eau turquoise à 26°, des récifs coralliens regorgeant de poissons colorés, tortues et autres algues incroyables, du matériel de qualité, on a pris goût (mais aucune photo). Même Didier qui a réussi à se cramer tout le dos lors de la première sortie.

On reste 24 heures dans le coin à manger, patauger, boire des verres, puis on repart direction Waisaladup, île connue pour un habitant un peu particulier puisqu’un singe y réside. Il est généralement sympa mais peut à tout moment être « dangereux ». C’est ce qu’il s’est passé avec Didier puisque le singe lui a « sauté » dessus dans un premier temps, est resté dans ses bras puis s’est mis à être agressif quand le con d’humain a tenté de lui reprendre une lanière de sac à dos. Didier a très bien géré la situation et le singe est parti bouder dans un cabanon. On s’est remis de nos émotions en pratiquant un peu de beach-volley et en profitant du « Coco-Loco » organisé par le capitaine avec la complicité des locaux. On se sentait bien gringos à siroter nos noix de cocos-rhum dans la cahute des insulaires, mais ça, aussi, semble faire partie de l’expérience! Ce soir-là, le capitaine et son aide ont cuisiné de la langouste, fraîchement pêchée (et sauvagement tuée). Difficile de rêver plus idyllique comme table d’hôtes sur le pont du Quest à profiter du coucher de soleil sur Waisaladup.

Le lendemain, l’arrivée à l’immigration Panaméenne est tout à fait curieuse: si normalement c’est une formalité lors de laquelle seul un passage du capitaine sur l’île ad’hoc est nécessaire, cela dépend apparemment de l’humeur du douanier. Celui-là, ayant eu vent (ha ha) de la composition de passagers du Quest, a apparemment très envie de voir nos têtes. En d’autres termes, il se distrairait bien à voir passer les 5 jeunes étrangères dans son bureau. Nous sommes donc tous requis sur l’île de Porvenir; sa piste de décollage (qui prend presque toute la surface de l’île), son musée, sa douane, ses vieilles cabines téléphoniques, et c’est tout. Au final, le « bienvenido a Panamá » se fait en 20 secondes pour les hommes, tous en maillot de bain et tongs et se conclut par une franche poignée de main après le tampon officiel. Pour les femmes, c’est un peu plus long et ponctué de plus de compliments, mais se passe sans autre complication. Bref, bienvenue au Panama!

Avant d’arriver sur la terre ferme, il nous reste un après-midi et une nuit de navigation océanique. Paradoxalement, ce furent les heures les plus difficiles: entre notre confiance exacerbée, tout ce qu’on a mangé et bu, cette dernière tranche est vraiment compliquée pour tout le monde. Certains repas font l’aller-retour dans le gosier.

Arion et Melvin dans le shuttle Panaméen
Arion et Melvin dans le dernier shuttle

Dernier déjeuner sur le pont du Quest dans la baie de Garrote, au nord du Panama, et c’est l’heure de retrouver la terre ferme, enfin! Après moultes hésitations, on décide de profiter du shuttle pour Panama City plutôt que de pédaler; il ne fait ni moins chaud ni moins humide au Panama qu’à Carthagène, les nuits en mer ont été peu reposantes, le célèbre train passager Colón-Panama City n’a pas repris son service, bref, on a plein d’excuses.

D’autant plus que ça tangue! On aura cette sensation les trente heures qui suivent, de manière vaguement intense. Ca veut dire qu’on s’accroche à la réception de l’hôtel du « Best Western Plus » (merci encore aux collègues de Margaux pour le bon !) au moment de la réservation, qu’on se prend les murs qu’on on se déplace dans la chambre, etc (enfin surtout Margaux, Didier semble être le meilleur matelot du duo).

Malgré ces désagréments, on essaie de partager nos journées entre la recherche rituelle de cartons (on décolle pour Genève dans quatre jours) et l’exploration de la métropole, et de son célébrissime canal. Vu qu’on reste des voyageurs à vélo; les visites se font sur nos fidèles destriers, à coup de 50 kilomètres urbains sur la journée. Pour l’anniversaire de Margaux, on s’offre un tour improvisé aux alentours du Canal de Panama avec l’objectif de traverser les deux immenses ponts du coin: le pont des Amériques et le pont Centenaire. L’exercice est peu agréable tant le trafic est dense et le bas-côté périlleux; mais on pourra dire qu’on a traversé 4 fois le canal de Panama. Autre constat, à l’image des bateaux gigantesques qui passent par l’ouvrage, ce dernier est énorme.

On passe nos deux dernières nuits de ce voyage chez une dernière hôte Warmshowers, Mercedes, qui vit dans un quartier huppé de la capitale. Elle est séduite par le concept du voyage à vélo mais attend encore de trouver la bonne destination. Hyper sympa, elle nous pistonne pour trouver les bons cartons, le taxi adéquat et nous prête la chambre de son fils, l’accès à son joli jardin et le soutien de sa « dame de maison ». On y croise aussi Omare, autre cycliste de passage, qui reste quelques jours chez Mercedes avant de partir pour la Colombie. Ensemble, on passe une excellente soirée à siroter du bon rouge tout en refaisant le monde à deux roues!

C’est la fin

Un dernier petit tour du centre ville de Panama City et c’est finalement le départ pour l’aéroport de Tocumen sous une pluie battante pour un vol sans encombres pour Madrid, puis Genève. Après notre dernier remontage de vélos dans la zone d’arrivée de l’aéroport, on avait envisagé rouler nos 44 kilomètres manquants entre Genève et Vevey pour arriver à 5’000 km. Le contraste entre les 33° du Panama et la météo exécrable que la Romandie déploie pour nous à l’arrivée nous dissuade finalement. On remontera tout de même de la gare de Vevey à nos pénates en pédalant!

Dans la bise et la neige, fatigués, mais heureux.

L’arrivée à la maison est forcément l’heure du bilan. On aura donc:

  • roulé (presque) 5’000 kilomètres,
  • gravi (quasiment) 35’000 mètres de dénivelé,
  • pris plus de 3’000 photos,
  • réparé une trentaine de crevaisons, retendu 2 fois les chaînes, mais n’avons pas eu de soucis techniques sinon,
  • visité (forcément très partiellement) 4 pays qui nous ont chacun profondément marqué, ému, inspiré, chacun à sa manière,
  • attrapé (chacun) le COVID en voyage,
  • traversé 3 frontières de manières différentes; à pied, en avion et en bateau,
  • rencontré d’innombrables humains généreux, accueillants, souriants, curieux, heureux, passionnés, intenses et toujours inspirants,
  • pris bien goût au voyage au long cours, en particulier à vélo!

On espère vous avoir fait rêver mais aussi vous avoir inspiré, exaspéré, donné envie, questionné, détendu, rassuré. On replonge maintenant dans notre vie casanière avec des souvenirs pleins la tête et la conscience du privilège immense d’avoir pu vivre ce voyage aux Amériques, d’avoir pu découvrir ces contrées et ces peuples du haut de nos fidèles bicyclettes.

À bientôt peut-être pour de nouvelles aventures!

Jardín – Cartagène des Indes

Bus, bus, bus. C’est décidément le moyen de transport que nous avons abondamment utilisé pendant cette tranche du voyage.

Une première fois pour rentrer à Medellín depuis Jardín (étonnamment ça a un peu moins secoué qu’à l’aller). Une autre pour se rendre à Guatapé. La ville en elle-même est très colorée et jolie mais son charme nous touche peu. Ce qui a rendu le trajet (4h aller-retour) relativement pertinent est la visite d’un immense rocher qui se détache de loin dans le paysage. Complètement approprié par l’homme, il faut grimper plus de 600 marches pour se retrouver au sommet, à quelque 2’000 mètres d’altitude. Depuis là-haut, la vue est assez spectaculaire: on y voit plein de petites îles donnant l’impression qu’on se trouve dans un grand jeu de plateau.

Une autre activité à consisté à visiter un quartier tristement célèbre de Medellín: la Comuna 13, avec Zippy Tours. Encore dangereux et meurtrier il y a dix ans, le lieu est maintenant considéré comme très sûr et est visité par des milliers de touristes chaque jour. Les trois cartels qui se faisaient une guerre meurtrière pour le contrôle et l’expansion de leurs territoires ont finalement concédé à une trêve en figeant leurs limites. En échange, ils taxent tous les habitants qui ont un commerce dans le quartier leur assurant ainsi même de meilleurs revenus qu’avant. Cette situation mafieuse semble convenir aux autorités et à la population qui a trouvé un début de qualité de vie permettant d’imaginer un avenir. Autre truc fou de cet endroit, qui fait particulièrement la fierté des guides: des escalators publics ont été installés sur l’une des trois collines. Elle permet aux habitants de se déplacer bien plus aisément: c’était un véritable dédale de minuscules ruelles très pentues qui arrangeait bien les trafiquants de drogue les fois où la police tentait de passer dans le coin; les escaliers roulants désengorgent les parties reculées du quartier.

Carthagènes des Indes

Cette ville des Caraïbes se trouve à plus de 600 km de Medellín, du coup on a pris… le bus! Les 14 heures de trajet se sont bien passées et on a même réussi à dormir un peu. Direction du coup notre hôtel, escortés un temps par deux policiers qui nous disent que le quartier par lequel on passe est dangereux. En pleine journée, on n’a vraiment pas l’impression mais après deux refus polis, on accepte la « proposition ». Notre hébergement se trouve à l’extérieur du beau et hyper touristique centre historique ce qui nous laisse amplement l’occasion de profiter de la température du coin: facilement 33 degrés, peu de vent, on cuit! Autre particularité, on pense que notre hôtel est maqué avec un hôpital de chirurgie esthétique; des momies se baladent entre les chambres. Pas fantastique, mais fonctionnel.

Bien que très chaud, on avoue que le centre de Carthagène est sublime. Il y a un air de Trinidad mais mieux entretenu qu’à Cuba. Comme dans pleins d’endroits en Amérique Latine, les murs sont fleuris de murales, les maisons très colorées et les rues vivantes. Il n’y a pas contre pas des tonnes de choses à faire. Outre une visite relativement décevante d’un fort, on s’essaye à la planche à voile, histoire de monter d’un cran sur l’échelle de la beaufitude. C’est bien plus dur qu’on le pensait! Il faut bien plier les cuisses pour amortir les vagues et plus généralement tenter de rester sur la planche (malgré les vagues et les malotrus sur des jet-skis qui s’amusent à passer bien proche). Les bras et le « tronc » sont aussi bien sollicités pour monter la voile et les maintenir en main. Bref, après trois heures de cours, on a réussi à rester sur la planche et même faire quelques aller-retours 🙂

Vu que le test de la planche a été passé haut la main, on a enchaîné avec cinq jours de navigation au départ de Carthagène, concluant ainsi nos kilomètres à vélo en Colombie. Une aventure hors-du-commun qui sera relatée dans un prochain article!

Totaux (en Colombie)
  • 850 km à vélo
  • 11’435 m de dénivelé positif cumulé

Manizales – Medellín – Jardín

Malgré les doutes sur la pertinence de rejoindre Medellín à vélo (vu la quantité de montées surtout), nous avons finalement décidé de se lancer; on fait tout de même un voyage à vélo! Au total, ce sont 3940 mètres de dénivelé en 195 km que nous avons parcourus en quatre jours de vélo avec une journée de repos.

La première journée est relativement facile: il y a bien plus de descente que de montée; et la descente nous fait passer par de sublimes paysages où le café, les bananes et les autres cultures andines sont reines; c’est magnifique! On doit par contre composer avec la pluie qui tombe en abondance en milieu d’après-midi. Un tunnel routier nous sert d’abri pendant une trentaine de minutes. Alors on patiente en écoutant nos podcasts et en échangeant des sourires avec des motards qui attendent, eux aussi, une vague éclaircie pour repartir. Pas pressés mais avec néanmoins une envie d’avancer, on décide de se lancer en pantalon et veste de pluie. À quelques kilomètres de là se trouve le seul hôtel du coin, passablement prisé des camionneurs. La chambre est spartiate mais elle fait l’affaire pour la nuit. On repart d’El Rodeo assez tôt le lendemain pour rejoindre La Pintada, où l’on sait qu’il va faire chaud. La route est inintéressante et vallonnée mais surtout jalonnée par de nombreux travaux. Il semblerait qu’une autoroute soit en construction. Pour une fois, le vélo est un avantage puisque les deux-roues peuvent allègrement de pas suivre les panneaux stop et gagner ainsi du temps de trajet par rapport aux automobilistes. Bien sûr, il faut faire gaffe de temps en temps et savoir ne pas batailler avec un gros camion qui vient d’en face mais dans l’ensemble la stratégie est bonne. Par contre, entre les travaux et la pluie, nous et nos vélos finissons sales comme jamais!

Deux pieds sales
Sales comme jamais!

L’impression qu’il fera bon chaud à La Pintada se confirme dès notre arrivée. L’inconfort ne s’améliore pas avec notre chambre au troisième étage, coincée entre la route principale et l’hôtel d’à côté qui joue de la musique à coin jusqu’à minuit. Mais on fait aller en se baladant dans le bled. Le 6 mars, c’est LA grosse journée: près de 1’500 mètres de dénivelé pour 25 km. Malgré deux petites descentes, le reste du temps on monte, entre averses et petite pluie fine. On arrive plus en forme qu’imaginé à Santa Barbará. On se prend une journée de repos dans un AirBnB où nous sommes les seuls. La vue plongeante sur la vallée (d’où on vient) est changeante, mais toujours magnifique! Le 8, départ pour ce qui devrait être notre dernière « vraie » journée de vélo. Cette fois, ce ne sont que 1’200 mètres de dénivelé qu’il faut faire mais ils paraissent bien rude pour Margaux. La quantité de pâtes ingérées la veille par Didier semble par contre lui donner des ailes. Il s’envole jusqu’à Medellín et notre hostel, le Black Sheep (une adresse que l’on recommande).

On y reste trois nuits et profitons de visiter le centre-ville et son histoire avec un guide et seize autres touristes. Mais aussi un bled à 1h30 de bus de là appelé Santa Fe de Antioquia. C’est là que les Espagnols ont tenté de s’installer mais la chaleur a eu raison d’eux et ils s’en sont allés pour fonder officiellement Medellín en 1616. Santa Fe est un charmant village colonial avec de magnifiques vues et des maisons colorées. À cinq kilomètres se trouve l’attraction du coin: un centenaire pont suspendu en bois qui permet d’aller à Sucré (autre joli hameau). Malheureusement, notre jour de visite coïncide avec le démantèlement de nids d’abeilles africaines et donc la fermeture du pont. L’aller-retour en tuk-tuk était tout de même bien marrant et on récupère un touriste qui pensait devoir tout remonter à pied.

Jardín

LE village à voir de la région apparemment. Et si on finit par adorer, il faut le mériter! Pour atteindre l’endroit, il faut officiellement faire 2h40 de bus (4h en pratique) en se tapant les routes de campagne, pas toujours goudronnées. Elles sont très mauvaises et on rebondit plusieurs fois depuis notre siège à l’arrière du véhicule. Vu qu’on arrive à la fin du voyage et que Jardín propose plein d’activités, on y va à fond. Samedi matin, c’est rappel sous l’eau ou plus communément appelé canyoning. C’est une super expérience et on regrette même d’avoir pris le petit itinéraire de deux cascades plutôt que celui de cinq. Séchés, on part pour une petite balade l’après-midi. Le lendemain, on tente la randonnée à cheval. Un peu sceptiques au début, on finit par vraiment apprécier. Il n’y a que nous et nos engins tout-terrain, ainsi qu’un guide qui trotte à pied à côté de nous et qui nous montre les beautés de la région. Il est aussi accompagnés de deux jeunes chiens particulièrement heureux d’être mêlés à l’aventure. Après presque deux heures comme ça, on arrive vers une cascade impressionnante. On laisse les chevaux pour s’en approcher. Il faut passer par un tunnel naturel (à l’intérieur d’un arbre) pour être sous la cascade et apprécier la vue et la fraîcheur depuis-là. C’est magnifique. On redescend et mangeons le repas dans une feuille de bananier. Puis c’est le drame…
Le guide avait détaché nos chevaux juste avant de manger. Par manque de bol, la jument s’est barrée et a franchi plusieurs barrières qui n’ont pas été fermées. Le guide la cherche pendant une demi-heure et remonte bredouille. Un autre type à cheval part aussi à sa recherche et revient avec Turquesa trente minutes plus tard. Ouf, plus de peur que de mal. Il est temps de revenir au camp de base. On termine en beauté avec des petits moments de trots qu’on tente de gérer du mieux possible.

Notre dernière journée à Jardín se termine en beauté avec un vol en parapente au matin d’une magnifique journée avant de reprendre le bus pour Medellín. On va y passer encore quelques jours avant de se diriger pour Carthagène, en bus cette fois!

Pas dégueu’ la vue depuis les hauteurs de Jardín
Totaux (en Colombie)
  • 829 km à vélo
  • 11’395 m de dénivelé positif cumulé
  • Crevaisons: 3 pour Didier et 0 pour Margaux!

Total depuis le début: 4’879 km à vélo

Salento – Manizales

Les jours passent mais on va décidément moins vite; la faute principalement au dénivelé mais aussi aux sublimes paysages et possibilités pauses dans des fincas colombiennes.

En redescendant de Salento, nous nous sommes arrêtés dans une première finca; La Aurora. L’exploitation de café est gérée par Maria Ángeles, une Espagnole qui a emménagé dans la région il y 15 ans, laissant famille et proches sur le Vieux Continent. Alors qu’il pleut l’après-midi, elle nous explique le procédé derrière la création de cette boisson chère à tant de lèves-tôt. Elle cultive un type d’Arabica (comme tous les Colombiens); le grain doit être rouge foncé avant d’être cueilli (un processus qui se fait principalement au printemps, et uniquement à la main). Il est ensuite mis dans une machine qui sépare la pulpe des grains; les grains sont ensuite séchés jusqu’à 9-12% d’humidité. Dans cet état, le café est prêt à être vendu aux grossistes ou exportateurs. Évidemment, il doit encore être torréfié pour révéler arômes et noirceur. Il faut à peu près 5 kg de « cerises » fraîches pour un kilo de café.

L'exploitation de café de Maria Ángeles
Vus sur l’exploitation de café de Maria Ángeles – Finca la Aurora

Le lendemain, en compagnie de ses deux chiens, on fait un rapide tour de la propriété, et des différentes machines avant d’enfourcher nos vélos et remonter la vallée pour rejoindre la route principale et notre prochaine destination: Pereira.

34 km et 655 mètres de dénivelé plus tard, on arrive à l’auberge de jeunesse. On décide de rester deux nuits et de consacrer la journée suivante à une marche dans une réserve naturelle. Bien qu’elle ne soit que de 6km, elle doit absolument se faire en présence d’un guide. L’aventure nous a pris la journée. Il faut d’abord trouver le premier arrêt de bus, puis patienter et espérer qu’on soit au bon endroit, tout en tentant de le confirmer auprès des locaux. Bons suisses, on commence évidemment à s’inquiéter 5 minutes après l’heure prévue. Puis, arrive le Chiva, bus coloré équipé de larges banquettes vaguement rembourrées, assez haut. Le trajet est assez épique, sur des chemins de terre pas toujours plats (c’est rien de le dire), où les rétroviseurs frappent la jungle tropicale des deux côtés et où les croisements sont plutôt millimétrés. Arrivés sur place, on mange un truc en attendant que tout le monde soit prêt à partir. On est surpris de voir une famille avec des shorts de trail fluo (vu qu’on nous avait demandé de porter des habits longs et foncés) mais aussi un couple avec chacun sa valise. Après un « échauffement », on se lance. Le guide propose de marcher groupé, surtout qu’on pourrait rencontrer un serpent en route (Margaux est hyper rassurée). La balade est choue et ponctuée d’arrêts pour parler de telle fleur et de tel arbre ou de tel oiseau. L’objectif est de se rendre à une cascade qui fait 70 mètres de haut. Elle est impressionnante et on sort nos vestes de pluie. Le retour se fait sans encombre, puis place au repas qu’on espère manger rapidement pour reprendre notre bus du retour, censé partir entre 15h et 15h30. La pluie décide de tomber en quantité une bonne trentaine de minutes avant notre départ. On scrute le ciel, croisons les doigts pour que le tout s’arrête et qu’on puisse parcourir les quelques centaines de mètres entre le resto des guides et l’arrêt de bus tranquillement. Mais à 14h55, il faut bien se rendre à l’évidence que cet espoir sera douché (sic). Motivés à de ne pas rester encore deux heures au froid en attendant le prochain bus, on se lance. Il faut éviter les grosses flaques et la boue pendant un petit moment puis, hourra, un abri. On essore les pantalons et attendons. 15h10: rien. 15h12…un bruit…ha non c’est juste un coup de tonnerre. 15h20 un autre bruit…ha non c’est juste une moto avec son chauffeur qui ressemble à Batman avec sa cape anti-pluie. 15h30…toujours rien. Alors qu’on espère qu’on a pas loupé le bus d’une minute (ah les suisses et leurs montres), une voiture rouge passe et va en direction du bâtiment des guides.

Vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres. Des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, (…)

Un grand philosophe

Cinq minutes plus tard, elle revient. Résolus à quitter les lieux, on tente un timide lever de pouce. Le signe est repéré et la voiture s’arrête. Ils vont à Pereira et peuvent nous prendre, trop bien! On s’entasse à l’arrière et constatons que le couple à valises est aussi là (apparemment, ils ne dormaient pas là comme on le pensait). Monsieur va dans le coffre et on part pour la ville, tellement reconnaissants envers le chauffeur. En chemin, on apprend que le bus est apparemment parti à 14h40 et non 15h-15h30 comme assuré par les guides. Quelques temps plus tard, on est déposés devant notre logement et remercions mille fois ce couple qui passait juste par là et qui a accepté de nous prendre; quelle générosité!

On continue dès le lendemain notre remontée vers le nord de l’axe cafetier, en direction de Manizales, en visant toujours Medellín. On l’a déjà dit, mais la Colombie centrale, c’est vallonné! Histoire de ne pas se gâcher le plaisir d’y être, on affûte nos journées pour être de longueurs plaisantes, du coup bien en deçà de nos kilométrages journaliers étasuniens! Du coup on fait un saut de puce vers Santa Rosa de Cabal le matin, avec pour idée de se rendre aux célèbres « Termales de Santa Rosa » dans les environs de la ville l’après-midi. Si la cascade qui tombe dans le complexe est très photogénique, on s’attendait quand même à mieux. Entre la réservation online (soi-disant obligatoire) impossible pour les touristes, les douches ouvertes et froides, les casiers payants « à chaque ouverture », et la pluie (ça, personne n’y peut rien); les trois bassins chauds à disposition ne contrebalancent pas vraiment. Si c’était à refaire, on irait plutôt aux thermes San Vincente, plus loin, plus chers, mais (apparemment) en meilleur état. Mais on a au moins barboté dans l’eau chaude un après-midi!

T’as où les arbres à café cousin?

Fin février, on arrive après une longue montée humide à la Hacienda Venecia, une exploitation de culture du café d’une autre ampleur; plus de 150 hectares, jusqu’à 400 temporaires pendant les grandes récoltes. On vise leur petit « hostel », au pied de 300 mètres de dénivelés qu’il faut parcourir dans la boue. On profite de deux nuits dans ce charmant endroit rempli d’arbres fruitiers et d’oiseaux plus colorés les uns que les autres pour suivre une vraie visite guidée sur tout le processus de culture, préparation et conditionnement du café, qui complète bien notre première introduction avec Maria Ángeles. Pendant plus de 3 heures (au soleil), on peaufine nos connaissances en agriculture, séchage et torréfaction. On est maintenant fin prêts pour le « Colombian, Arabica, washed, medium roast, d’origine »!

La destinations suivante est Manizales, « pointe nord » de la zone cafetière, lovée dans le brouillard andin (journée de montée avec plus de 90% d’humidité). Là, les éternelles questions retentissent à nouveau: ‘faut-il se manger plus de 4000 mètres de dénivelé pour rejoindre Medellín en quelques jours ou plutôt ranger nos vélos et poursuivre en bus (mais ne pas atteindre les 5’000 km au total)? À découvrir au prochain épisode!

Totaux (en Colombie)
  • 634 km à vélo
  • 7’455 m de dénivelé positif cumulé

Total depuis le début: 4’684 km à vélo

Lac de Tota – Salento

Après une bonne journée de repos à Playa Blanca à profiter de la vue sur ce magnifique lac, on a décidé de s’économiser un peu et de profiter d’y être arrivés pour n’en faire « que » le tour. Atterrissage donc dans un logement tout à fait charmant, tenu par une dame tout aussi charmante bien que très « intense »: elle tient absolument à nous décrire par le menu tous les fruits de la campagne dont elle est très fière, nous fait déguster arepas et cafés à la mode du coin, et part du principe qu’on parle tous deux parfaitement l’espagnol rapide à la Colombienne. Pas évident mais la vue depuis son logement est proprement extraordinaire, ça compense.

Vue du Lac de Tota depuis la chambre
Vue du Lac de Tota depuis la cabane en question

Le lendemain, on repart avec pour idée de viser la zone cafetière en une grosse semaine, en revenant grosso-modo sur nos pas. On attaque la journée par notre plus haut col jusque là, à 3’250 mètres; pas facile facile, mais la très longue descente sur Sogamoso nous fait bien nous rendre compte de l’effort consenti ces quelques jours passés. On re-traverse donc cette ville sans intérêt notable, traversons la vallée et visons notre hôtel réservé à l’avance le long de la grand-route principale qui rejoint Bogotá depuis cette région. On le savait déjà, mais rebrousser chemin n’est quand même pas plaisant: le « vallonné descendant » de l’aller est une pénible succession de montées dans l’autre sens. Et comme on a « déjà tout vu », on manque de motivation. Bref, après un rapide passage par une sorte de Cavagne locale (comprendra qui peut) où on déguste bières et fromages du coin, on décide que le lendemain, nous ne ferons « que » 2h30 de vélo et 500 mètres de dénivelé pour ensuite prendre le bus pour Bogotá et « couper » ainsi dans la longue autoroute du retour. (On a bien regardé, il n’y a pas vraiment d’alternative réaliste; et le nombre de cyclistes sur cette route le prouve.)

Retour à la capitale

Un week-end à flâner dans le quartier chic du « Parque 93 » de Bogotá plus tard, on décide de miser sur la même stratégie qu’avant; le bus. La route jusqu’à Armenia (au sud de la zone cafetière) paraît bien longue, se termine par une infernale autoroute de montagne au dénivelé complètement irréaliste pour nous (3’800 mètres de dénivelé positif cumulé sur 95 kilomètres) et il n’y a pas grand chose qui titille notre intérêt le long du chemin. Seule bonne nouvelle, on doit traverser Bogotá un dimanche, jour de leur Cyclovías: on a parcouru plus de 15 kilomètres entièrement sur des boulevards libérés de trafic automobile, qui est remplacé par des centaines de cyclistes et des coureurs. Pour le bus par contre, si l’expérience de Tunja à Bogotá était plutôt simple, on a bien morflé sur le trajet pour Armenia: le bus prévu à 09:15 est (apparemment) trop petit pour nos vélos, rendez-vous donc à 12:00. Ah non, en fait 13:00 pour « profiter » d’un bus plus direct. Tu parles! On a dû négocier, puis payer pour nos vélos, insister pour ne pas les démonter, enlever toutes les sacoches. On a fini par arriver à 21 heures, lessivés, notamment par le style de conduite rodéo du chauffeur. En arrivant en ville, curieuse expérience encore: en roulant, on s’est fait aborder par un couple de colombiens en voiture qui, après nous avoir suivi à vitesse modérée, a fini par nous expliquer que le quartier que nous traversions était craignos et qu’ils allaient nous escorter jusqu’à notre hôtel (propriété d’un généreux hôte Warmshowers qui nous y avait réservé une chambre). Ils ne sont partis qu’une fois s’être assurés qu’on était bien rentrés et en sécurité dans l’hôtel. Bien que nous n’avions pas l’impression que la zone était aussi dangereuse que cela, nous sommes restés bouche bée par cette attention altruiste de la part d’inconnus.

Armenia, comme dit dans notre guide, est une ville de passage sans grand intérêt. Pourtant, à une vingtaine de minutes en bus se trouve un jardin botanique qui, semblerait-il vaut la peine. Vu notre planning, on décide d’aller tester la chose. Une guide vient avec le prix de l’entrée et c’est plutôt chouette. Bon, au début on a bien senti qu’elle a sorti les présentations habituelles mais après un bon quart d’heure, on arrive à aller au-delà pour parler vélo et politique. Tout en discutant, on déambule dans une immense forêt remplie de « guadua » (nom local du bambou) et autres arbres locaux. On scrute un hiboux brun, des fourmis qui s’affairent à transporter des bouts de feuille, des dizaines de colibris et autres magnifiques oiseaux locaux. La clou du spectacle est l’espace dédié aux papillons. Environ 25 espèces s’y trouvent, toutes plus chatoyantes les unes que les autres. Certains spécimens viennent même se poser sur nos chaussures et nos mains.

Le lendemain, c’est cap sur Salento, un village à seulement 26 kilomètres d’Armenia mais avec 800 mètres de dénivelé. Il faut faire une grosse montée, puis une longue descente puis à nouveau une bonne montée. La première paraît bien plus difficile que la deuxième que nous accomplissons en 35 minutes plutôt que les près de deux heures que nous avions anticipées. On loue les bienfaits de la pause café pour Margaux et chocolat chaud-fromage (un classique ici) pour Didier. L’après-midi, on profite de se reposer un peu et de planifier la suite. Le jour d’après, on se lève au lever du soleil pour se rendre en jeep avec d’autres touristes (Salento est un hub touristique) dans la vallée de Cocora pour y faire une randonnée. Temps estimé: 5h; dénivelé: mille mètres. Prendre des bottes. Du coup, c’est équipés comme des bons garçons de ferme qu’on part. Le paysage est à couper le souffle; les immense palmiers de cire sont comme des cure-dents plantés dans ce coin de pays luxuriant et humide. Le chemin est plutôt agréable bien que bien boueux à la fin et les cinq ponts en bois, parfois très mal entretenus, sont rigolos à traverser. On termine notre boucle en trois heures trente, juste le temps de boire un café et manger un brownie pour refiler dans la jeep (ou plutôt dessus vu que les touristes surnuméraires sont invités à grimper debout à l’arrière en se tenant au porte-bagages). L’après-midi, on se félicite d’être partis aussitôt puisque la pluie tombe depuis 14 heures et on regarde pour la suite.

Elle sera relativement simple. Demain, on redescend de Salento et plutôt que de remonter directement, on va s’arrêter dans une hacienda qui fait du café pour regarder comment ça se passe et y passer la nuit. Le jour d’après, on se refait du dénivelé pour rejoindre soit un autre hameau (Filandia) soit directement une petite ville (Pereira) et continuer ainsi notre aventure.

Totaux (en Colombie)
  • 536 km à vélo
  • 5’485 m de dénivelé positif cumulé
  • 3 cols à plus de 3’000 mètres
  • crevaisons: 4 pour Melvin (mais au moins 15 imaginaires pour Margaux)
  • 422 km en bus

Du Quitana Roo à Nairo Quitana

Un slogan tout à fait juste si on omet nos quelques jours à Bogotá. C’est que le grimpeur colombien vient de la région de Boyacá, une région que l’on découvre depuis une semaine et qui nous enchante.

Samedi 5 février, nous sommes donc partis en direction de Zipaquirá et sa cathédrale de sel, considérée comme la première merveille de Colombie. Située à 180 mètres sous terre, c’est l’une des plus grandes du monde. Le curieux déambule d’abord par le chemin de croix, où chacune des 14 croix est sculptée différemment pour souligner le calvaire de Jésus, puis on arrive devant le clou (!) du spectacle: une énorme croix illuminée de mille feux dans une caverne immense. C’est très impressionnant! La mine est proprement énorme, et la partie visitée ne couvre que portion congrue de la mine, par ailleurs toujours en exploitation.

Le deuxième arrêt est encore plus beau que le premier puisqu’on pose nos sacoches juste à côté de la lagune de Fúquene après une autre bonne montée de 500 mètres.

Jour 3, c’est direction Villa de Leyva, qui est considéré comme l’un des plus beaux villages de Colombie. Sur le chemin, on s’arrête devant un petit musée destiné à la paléontologie, mais surtout au Kronosaure. Un fossile de sept mètres de long a été retrouvé là à la fin des années 70. Le jour suivant c’est repos-vélo mais marche dans la ville. La balade initiale n’est plus possible alors on ère dans la région assistés par Roberta; une chienne qui nous colle aux basques pendant nos trois heures de déambulations. Elle nous attend même à la sortie d’un petit musée pour reprendre la route avec nous. Sacrée Roberta.

Dénivelé du jour 4
LA montée

Le lendemain, on prend notre courage à deux mains et entamons notre plus grosse montée jusqu’ici: 1’000 mètre à parcourir en 10 kilomètres. C’est long mais on y arrive. Le temps de mettre une polaire et prendre une photo qu’on file vers Tunja, la capitale du département de Boyacá. Alors qu’on fait moitié moins de dénivelé mais plus de kilomètres, le jour suivant est difficile. On sent bien que la montée de la veille a pas mal demandé à nos corps. On est heureux d’arriver à Sogamoso avec un orage qui gronde. À la base, on a prévu de rester trois nuits là mais en relisant notre guide, on se dit qu’on pourrait s’offrir une pause à Monguí, décrit comme un super petit village. On prend un bus pour rejoindre le bled et nous baladons l’après-midi. La deuxième journée qui devait être du repos ne l’est finalement pas vraiment. Avec deux autres couples et un jeune guide, on part à la découverte du Páramo de Ocetá. C’est encore l’équivalent de 1’000 mètres de montée à un rythme assez rapide pour nous mais ça en vaut la peine. La région est magnifique et la végétation ne ressemble à rien qu’on ne connaisse!

Redescendus le soir-même pour Sogamoso, on se prépare à repartir le lendemain, cette fois à vélo, pour le lac de Tota. À la base, cela devait être une petite journée jusqu’au joli village d’Iza, mais vu la météo ensoleillée et le refus d’écouter nos quelques courbatures, on fait presque 800 mètres de dénivelé pour se retrouver à Playa Blanca, à 3’000 mètres d’altitude, après les magnifiques paysages de la vallée du Soleil. De là, on voit le lac, le plus grand du pays, et sa plage la plus élevée. On passe la journée à tenter de faire du bateau (pas l’air possible ce jour-là), de se reposer, d’écrire ce post et de prévoir la suite!

En effet, après notre boucle du lac, nous pensions continuer de monter au nord mais au vu des routes et des activités proposées dans les villes à venir, nous allons peut-être nous remettre dans la direction de Bogotá et entamer la découverte d’un autre endroit qui nous intéresse: la vallée du café.

Totaux (en Colombie)
  • 354 km à vélo
  • 3394m de dénivelé positif cumulé
  • 3 cols à plus de 3’000 mètres
  • crevaisons: 4 pour Melvin

Cancún – Bogotá

La dernière fois, on vous a laissé penser que nous allions nous rendre en Colombie plutôt qu’au Chili ou ailleurs. Figurez-vous qu’on a tenu parole!

Chargement sportif d’Arion et Melvin sur le plus petit taxi de Cancún

Les préparations étaient assez faciles (faut dire que ça fait des semaines que nous étions « sur le départ »), le chargement des vélos a été un peu plus joueur. Notre dernier hôte Warmshowers nous avait arrangé un taxi « d’accord de transporter nos vélos »; nous nous attendions naïvement à un pickup ou un van, pas au plus petit taxi disponible qui attache nos précieuses montures à la ficelle sur son toit. Bref, tout s’est bien passé! Petit coup de chaud à rapporter néanmoins du côté de la douane mexicaine: pour cause de passage terrestre, notre autorisation de séjour dans le pays n’était que de 14 jours et non de plusieurs mois comme ce qui avait été compris à Tijuana. Une discussion soulignée de preuves de paiement avec une fonctionnaire à l’aéroport ont résolu le problème, nous permettant de nous envoler pour Bogotá; l’arrivée à l’avance à l’aéroport a bien servi! A contrario, le passage de l’immigration Colombienne a été facile: l’accueil a été hyper chaleureux alors qu’on avait ni un itinéraire précis ni vol de sortie à montrer au douanier; fort appréciable surtout à presque minuit. Vu l’heure, on a finalement opté pour prendre un taxi jusqu’à notre hôtel plutôt que de repasser 1h30 à remonter les vélos.

Nous sommes restés quatre jours complets à Bogotá dont deux principalement utilisés pour visiter le centre historique appelé Candelaria. Y a des chouettes murales, musées et restaurants. L’occasion aussi pour Didier de s’acheter une nouvelle casquette de vélo d’un designer local. Un des meilleurs moments était la grimpette jusqu’à Montserrate, qui culmine à 3’152 mètres. La montée raide de quelque 400 mètres nous a pris environ une heure nous confirmant que nous étions prêts à repartir à vélo. Depuis là-haut la vue sur la ville était époustouflante. Une autre agréable découverte a été le musée de Santa Clara qui est en fait une ancienne église, reprise par le gouvernement. À l’intérieur, le mobilier typique du lieu est associé avec des œuvres de Pedro Ruiz. Un artiste colombien que Margaux a adoré découvrir. Notons aussi notre passage dans le musée de l’or, considéré comme un indispensable; c’était certes impressionnant de voir 55’000 pièces de l’ère pré-hispanique mais la présentation générale n’était pas hyper stimulante. Le ressenti était bien différent avec le musée sur Fernando Botero, connu pour peindre des personnages avec des formes exagérées (et des yeux perdus d’après nous).

Nos quelques jours à Bogotá sont évidemment remplis de questions pour la suite. Heureusement, on rencontre un « vendeur » dans une sorte de galerie cycliste qui nous invite à commencer par la région de Boyaca qui est apparemment superbe pour les cyclistes. Nos recherches sur internet et dans notre nouveau guide de voyage (de 2018, y avait rien de plus neuf) confirment la chose. On décide donc de s’y rendre dès samedi malgré un risque de pluie d’environ 60%.

Cancún – Cancún – Cancún

On pourrait prétendre que l’on connaît Cancún comme notre poche vu le nombre de semaines qu’on y a passé mais ce serait faux. Explications.

Dans le monde merveilleux du « tout va bien », nous aurions dû décoller pour le Sud du Chili (et son aéroport de Balmaceda) le lundi 17 janvier. Mais quelques jours avant le grand départ, Margaux a les yeux explosés (comme après deux semaines de matinales sans sieste), un bon mal de crâne, la toux et un léger rhume. On espère que ce n’est pas le Covid. Malheureusement, le test PCR d’avant-vol douche nos espoirs, nous empêchant donc de voler. On avertit la compagnie par mail puis par téléphone pour s’assurer que le message est bien passé: on a donc 14 jours pour placer un nouveau vol. Vu l’état de la voyageuse, on patiente dans notre AirBnB qu’on loue maintenant directement au propriétaire. Le WiFi rapide et la découverte de Netflix nous aide à passer les journées. Au moins ça.

Alors que Margaux se sent mieux, c’est Didier qui commence à plonger. Un PCR effectué plus tard confirme notre pressentiment. C’est reparti pour plusieurs jours d’attente à zapper entre différentes séries, manger de la papaye, de la mangue jaune, et tenter de comprendre notre voisin du dessus (on vous en dit plus par la suite, patience). Didier fêtera donc son anniversaire malade, au Mexique. Autant dire que ce n’était pas ce qui était prévu mais bon, on se dit qu’on a quand même de la chance d’être bloqués là où nous sommes; ça aurait pu être bien pire.

On a quand même profité de nos moments pas trop malades pour explorer un peu la région: Isla Mujeres, le centre-ville et une rapide escapade dans la zone hôtelière et sa plage publique (pour les péquenots comme nous). Il n’y a pas grand chose à en dire, Cancún est une ville construite pour le tourisme de masse: la zone hôtelière est une longue plage bétonnée en hauteur desservie en navettes directement depuis l’aéroport et le « centre ville »  sans grand intérêt. Nous, on n’y est arrivés que pour son aéroport (qui nous aura refusé ses faveurs pendant deux semaines!). Bref, voilà quelques photos :-).

Pendant que Didier se remet gentiment, on travaille notre stratégie pour la suite. On décide qu’il est plus malin de refaire un PCR dans quelques jours, puis si les résultats sont négatifs, de vite appeler la compagnie aérienne pour prendre nos vols une vingtaine d’heures plus tard. C’est que nous avons maximum 72 heures entre les cutips dans le nez (et la bouche) et notre entrée sur territoire chilien. A noter qu’on passe d’abord par le Pérou, ce qui rend la marge de manœuvre assez faible. Entre-temps, on découvre une « faille du système »: on pourrait aller au Chili, même avec un test PCR positif. Il faut au moins dix jours entre deux PCR positifs pour valider une « guérison » et pour que la compagnie nous prenne. Cela voudrait dire un vol le mercredi 2 février, au pire. Par contre, le Chili impose une quarantaine de 7 jours si le PCR est positif. Si ce scénario se réalise, cela voudrait dire qu’on aura glandé UN MOIS à cause du Covid.  Et ça c’est si on peut sortir de quarantaine après 7 jours; le risque est encore que le Chili nous garde en isolement tant que nos PCR restent positifs.

Quelques idées, et du café

On se dit que ce n’était peut-être pas la meilleure des idées. Samedi 29 janvier, on liste les destinations possibles:

  1. USA (Houston-Charleston): le nombre de kilomètres est bien pour deux mois de vélo, une route existe avec des States Parks, hôtes Warmshowers et Motels pour passer la nuit et en plus, on repartirait depuis Charleston (donc avec un billet déjà payé puisque nous avions pris l’aller-retour). Bonus: on revoit la famille de Margaux quelques jours et les billets pour Houston ne sont pas chers. ➜ C’est l’option la plus confortable, presque trop.
  2. Mexique: on longe la côte du Pacifique puis pourquoi pas prendre un bateau pour le bout de Baja California puis remonter la région et arriver à Tijuana. C’est une option qui ne demande aucun PCR et est économique. ➜ Pas mal mais on a un peu l’impression de tourner en rond.
  3. Chili: c’était le plan de base. Il était super. C’était de l’aventure, de la découverte d’un autre endroit avec le confort d’une route à suivre avec quelques logements ici et là et du camping sauvage facile. Mais au vu de nos PCR positifs, la quarantaine quasi certaine à l’arrivée et peut-être encore prolongée par la suite rend le projet risqué. ➜ option super mais peu réaliste.
  4. Costa Rica (et Panama?): Un itinéraire que nous avons dans la tête depuis un moment mais il doit forcément se faire avec le Panama car les deux pays sont petits et nous ne voulons pas re-voler après un mois au Costa Rica. Problème: le Panama demande trois doses de vaccin dès le 28 janvier. Autre désavantage: il fait chaud et humide, ce qu’on aime que moyennement, surtout à vélo. ➜ Chouette à faire mais pas forcément à vélo.
  5. Espagne et Portugal: Une piste abordée pour le jeu de la réflexion mais sans grande envie. Il fait encore un peu froid en février-mars là-bas et on a pas très envie de « bousiller » notre cartouche Amériques pour aller en Europe les deux derniers mois de notre voyage. Autant découvrir ces pays une autre fois, en partant de Suisse. ➜ inadéquat avec nos envies actuelles.
  6. Pérou: notre vol initial pour Balmaceda passe par Lima. On pourrait sortir à ce moment-là. Cela permettrait d’utiliser en partie nos billets déjà achetés pour le Chili. La blague est que le mois de février est le pire pour aller au Pérou: il fait + de 30° et il pleut des cordes. Vu qu’on s’attrape déjà pas mal la pluie en temps normal, on a pas très envie d’aller dans le pays à ce moment-là. ➜ chouette mais la saison des pluies nous inquiète.
  7. Colombie: une idée proposée par Didier dimanche matin après avoir regardé si on pouvais pas aller en Bolivie. Une option impossible pour nous puisqu’un PCR est demandé. Ce n’est pas le cas de la Colombie. Il paraît que le pays est beau, que le vélo y est largement pratiqué et qu’il fait chaud dans certaine régions mais pas plus que 20 degrés dans d’autres. Ça nous plaît. ➜ option aventureuse mais tentante.

Choisir c’est renoncer

Après moult discussions, recherches et réflexions, on penche vers l’option des États-Unis. C’est la plus « safe » et on y voit plein d’avantages. Il y a seulement un problème: on a pas très envie d’y aller. On se dit que, quand même, on pourrait faire un choix un peu plus ambitieux. Alors on investigue un peu plus la piste de la Colombie (on a éliminé toutes les autres options). Après la lecture de quelques blogs, on prend la décision: on part demain en Colombie! Départ le lundi 31 janvier le soir pour arriver à minuit à Bogotá. Vivement!

Chargement compliqué sur le taxi
Chargement sportif d’Arion et Melvin sur le plus petit taxi de Cancún

Rahul

On ne peut pas finir ce post sans un aparté sur notre voisin du dessus, rencontré après quelques jours dans cet AirBnB. Américain de 27 ans qui semble un peu perdu mais surtout assez perché, Rahul a décidé de quitter le nord-est des États-Unis au début de l’année pour rejoindre Rio de Janeiro en voiture. Sa première étape l’amène déjà à Cancún, quasiment d’une traite. Il est parti avec sa voiture et ses affaires et a tracé pour venir jusqu’ici. Pour son plus grand malheur, il semblerait qu’il se soit fait voler un ordinateur tout neuf, de l’argent et ses eaux de cologne lors de deux passages de douane au Mexique. Si son « plan » est de rallier le Brésil en voiture, il n’a pas l’air hyper renseigné sur le tracé à faire et les complications possibles (par exemple: il n’y a pas de route entre le Panama et la Colombie, c’est le bouchon du Darién). Il évoque aussi l’idée de rester travailler à Cancún (il doit faire une vidéo promotionnelle pour une clinique dentaire depuis deux semaines). Au-delà de ses hésitations professionnelles, c’est un personnage assez spécial. Il n’a pas l’air d’être au courant de quelques normes sociales évidentes pour nous (genre qu’on est pas disposé à lui parler parce qu’on est au téléphone, qu’on discute de la suite en français entre nous ou que notre porte est fermée) et adore nous parler de sa pratique du satire et en particulier du lien « évident » entre les films Titanic et Inception. Lorsqu’il nous a dit qu’il avait vu Dieu en 2016 lors d’un trip un peu poussé à l’herbe, on a tout de suite mieux compris. Cela étant dit, c’est un personnage qu’on a apprécié parce qu’on a pu écouter ses théories farfelues, partager notre savoir sur la manière de se faire un café soluble et juste sortir de notre quotidien un peu déprimant. On lui souhaite le meilleur pour la suite, où qu’il soit!

Rahul et deux Suisses

Mexique: le bilan

Paysage mexicain dans les plateaux

Si on est pas encore complètement partis du Mexique à cause d’un certain virus nous bloquant à Cancún, nous pouvons néanmoins dresser un petit bilan de notre mois et demi dans le pays, pour de futurs cyclistes.

Environnement

Cycliste au lever de soleil
Lever de soleil brumeux

Les mois de décembre et janvier sont bien pour voyager: le Mexique est alors au plus vivable de son climat. Dans les plateaux du centre (Puebla par exemple) il fait frais le matin et potable l’après-midi; alors que dans la péninsule du Yucatan (Escárcega) il fait chaud le matin, et étouffant l’après-midi (la vague de chaleur n’ayant pas aidé dans notre cas); facilement 30 degrés dès 11 heures. Ça nous a pris quelques jours pour trouver le rythme et nous adapter au climat (au point que ça sonne évident maintenant): pour pédaler quelques heures avant de se retrouver sous le cagnard, on a décidé de se lever vers 5h afin de partir avant le lever du soleil; on essayait d’avoir fait nos 60 km environ par jour avant midi. Après c’était trop dur.

Au niveau des régions, les avis divergent. Didier a préféré la variété des États du Tlaxcala, Puebla et des plateaux du centre (malgré le trafic intense) au longues routes toutes droites du Campeche et du Yucatán: jungle à droite, jungle à gauche, tout plat. Le peu de dénivelé a plutôt été apprécié par Margaux, sans grande surprise.

À retenir

  • Si plus de 25° sont annoncés au meilleur de la journée; commencer à pédaler (bien) avant que le soleil ne se lève pour rouler au frais.
  • Attention à la déshydratation et aux insolations: une casquette ou un chapeau sous le casque ne sont pas de trop, de même que plusieurs applications de crème solaire! Et on a regretté ne pas avoir de chemise manche longues ultra-légère pour se protéger du soleil: il n’y a que rarement de l’ombre.
  • Écouter des podcasts ou de la musique est utile pour passer le temps quand il y a peu de trafic et que la route est inintéressante: plusieurs applications (Spotify entre autres) permettent d’en prévoir un stock hors-ligne à l’avance, pour ne pas devoir être connectés en permanence.

Logements et budget

Hall d'un hôtel de Puebla
Certains hôtels sont charmants

Vu la taille du pays et le chaud ambiant, nous n’avons dormi sous tente qu’une fois. Le fait de trouver des chambres qui coûtaient entre douze et trente-cinq francs par nuit (soit deux fois moins qu’aux États-Unis) a bien sûr fait pencher la balance. Avec ces chambres, nous avions de l’eau (parfois chaude mais jamais potable) et au moins un ventilateur; des fois de la climatisation ou du WiFi.

Comme à notre habitude, nous faisons attention au budget mais sans tout compter à l’avance (on vit comme des étudiants en voyage en gros). Nous avons souvent mangé à l’extérieur mais jamais dans des restaurants chics. Après des semaines de viande à toutes les sauces à tous les moments, nous avons recommencé à manger nos sandwichs à midi (pour des raisons alimentaires et budgétaires). Nous avons peu fait à manger sur notre réchaud et avons cuisiné quand c’était possible (surtout lorsque nous étions bloqués à Cancún).

Nous avons encore une fois pu compter sur le réseau Warmshowers. S’il y a clairement moins d’hôtes qu’aux USA, nous avons été accueillis trois fois au Mexique. Chaque rencontre était exceptionnelle.

Vu la richesse culturelle du pays, nous sommes allés voir quatre sites archéologiques. Les prix avaient plus que doublé depuis 2017 (la date de notre guide du Routard). Ils en valaient néanmoins souvent la peine.

À retenir

  • Dormir dans un hôtel/hostal est souvent très accessible, même si le confort peut être « déroutant ». Mais ça s’est avéré toujours préférable au camping sauvage (pour nous).
  • Attention au Motels qui sont souvent des lieux de passe (location à l’heure, parking discrets); mais on n’a pas tenté.
  • Sans surprise, tout coûte moins cher au Mexique (qu’aux États-Unis, ou en Suisse): attention néanmoins aux attractions touristiques qui pèsent lourd dans le porte-monnaie.

Itinéraire et route

Margaux dans la montée vers le Pic d Orizaba
Dans une montée!

Contrairement à nos mois de route aux États-Unis, là, tout était à décider: c’est autant chouette que très difficile et prenant. Nous avons par exemple profité de retrouver des amis à Orizaba avant Noël pour décider d’un itinéraire dans cette direction. On a essayé d’éviter au maximum les grosses montées mais il y en a eu. L’avantage est que nous étions un peu plus dans les montagnes et donc qu’il faisait frais. Pour la suite du voyage, c’était l’opposé puisque nous avons traversé la péninsule du Yucatán: plate et très chaude. Au vu de l’état des routes, nous avons visé celles qui étaient relativement fréquentées et donc en plus ou moins bon état. Mais à la sortie de Mexico City, le trafic était intense de gros camions bien polluants a mis nos poumons à l’épreuve, au point de porter nos masques en roulant.

Un point très positif par contre: les autres usagers de la route sont dans l’ensemble vraiment très respectueux! Chaque jour de vélo nous a apporté son lot d’encouragements, salutations, sourires, signes et autres; de la part de piétons, marchands, conducteurs de bus, camions ou voitures. Aucun dépassement dangereux ou de signe quelconque d’irritation: un beau contraste avec le pays voisin du Nord!

Une spécificité mexicaine fondamentale à mentionner: le « tope », sorte de gendarme couché. Parfois long, parfois court, mais toujours pénible: y’en a aux entrées des villages, souvent dedans; parfois dans les angles morts des descentes, bref, jamais au bon endroit, et tellement abrupts qu’il faut les passer à la vitesse du pas.

À retenir

  • Privilégier les grands axes: le revêtement est meilleur (y’en a, quoi) et le trafic n’est pas un souci (pour autant qu’on soit à l’aise).
  • Attention aux topes; plus rudes qu’ils en ont l’air!
  • Apprécier les encouragements!
  • Ne pas hésiter à pédaler avec un masque si l’on partage la route avec des gros camions polluants.

Merida – Cancún

Après notre départ (en deux fois) de la maison de Vika et Claudio à Merida, sur leurs conseils, nous partons vers la plage sauvage de Chuburná et son beau sable blanc des Caraïbes. Même s’il vente et fait un peu frais, le lieu est sublime et la route qui nous y a mené est belle. Quelques coups de pédale plus tard et un café bienvenu, on arrive à Progreso, où nous attend un nouvel hôte Warmshower. Brian est un cycliste américain et amateur de kayak qui loue une maison dans cet ancien village de pêcheurs depuis quatre hivers. Il s’arrange pour en louer une assez grande pour accueillir amis et cyclovoyageurs de passage. Même si les premiers moments de rencontre sont toujours curieux, il ne nous faut pas longtemps pour briser la glace. Il faut dire que la vue depuis la maison (avec piscine) sur le Golfe du Mexique est plutôt époustouflante! On a aussi le plaisir de rencontrer deux amis de Brian, Barbara et Tim, venus du Wisconsin comme lui, pour profiter d’une semaine de beau. On passe deux jours avec ce trio dans cette « ambassade américaine » qui fait du bien à Margaux qui peut enfin converser dans une langue qu’elle maîtrise à d’autres qu’à Didier. 🙂

Pendant notre séjour, Brian nous maintient actifs. Il emmène Didier profiter du lever de soleil en kayak (donc profiter de se lever à 6h un jour « de repos ») et nous montre son petit coin de paradis. C’est une plongée passionnante dans un village qui tourne avec et autour de nord-américains en villégiature. Entre la soirée au restaurant mexicain qui accueille musiciens « du nord » pour leur Jam session (et qui sert fish & chips) et la soirée dans la micro-brasserie américaine où le couple sur scène est également américain, le contraste avec certains bleds mexicains reculés qu’on a traversé est vraiment curieux! À la maison sur la plage, l’accueil est vraiment chaleureux, la cuisine simplement extraordinaire et les échanges avec Brian, Tim et Barbara s’étalent jusqu’à tard dans la nuit, le Mezcal aidant! On gardera un bon souvenir de ce saut sur la côte!

Mercredi 5 janvier, il est temps de se remettre en route. On vise Motul, à 60 km de Progreso. Pour y arriver, on longe la côte un long moment et tentons, entre deux grandes maisons, d’admirer le Golfe du Mexique. En arrivant dans Motul, on passe devant un centre de vaccination. Une fois les affaires posées dans notre chambre d’hôtel sans clef, on repart pour ce centre pleins d’espoirs: on cherche à savoir si on peut obtenir la troisième dose contre le COVID. La réponse est malheureusement non; si le Mexique vaccine bien les touristes, on ne figure pas dans la bonne catégorie d’âge. La nôtre arrivera dans un délai indéterminé, et le personnel de santé ne peut pas nous en dire plus, tant pis.

La journée d’après est un peu plus courte que d’habitude puisqu’on a décidé de s’arrêter à Izamal pour l’après-midi et la nuit plutôt que de juste passer par la « ville jaune ». Plusieurs théories circulent sur les raisons pour lesquelles les maisons d’Izamal sont en jaune moutarde; l’une d’elle est en lien avec la venue du Pape Jean-Paul II dans les années nonante; l’objectif était de rendre la ville chatoyante. Vu le nombre de touristes qui viennent pour ça, on peut dire que la mission est atteinte! Au-delà de la balade d’usage dans le bled, on a aussi profité de grimper sur une pyramide (les Espagnols ont construit la ville sur et autour de bâtiments mayas) pour y admirer la vue, ainsi que d’aller voir le couvent de San Antonio de Padoue. Il paraît que c’est la deuxième plus grande cour intérieure après celle du Vatican. Balèze! Autre réjouissance, la chambre d’hôtel est immense et très confortable. L’extérieur est aussi dégagé du coup on en profite pour se faire à manger sur le réchaud. Margaux peut enfin manger un peu de ces lentilles qu’elle transporte depuis San Diego.

Cenote: grotte et lac

Le lendemain, malgré notre septantaine de kilomètres à faire, on prend le temps de s’arrêter dans un cénote. Il s’agit d’un bassin d’eau claire parfois lové dans une grotte, parfois en plein air. La nôtre est complètement sous terre. Pour notre plus grand bonheur, on est les seuls à être là et à explorer la zone. C’est assez fou comme ambiance d’autant plus que ces lieux étaient sacrés pour les natifs. Aujourd’hui, il faut juste y entrer douché sans crème solaire ni anti-moustique.

L’autre endroit où nous choisissons de nous arrêter, plutôt que de juste « passer devant », est Chichén Itzá, vu que c’est sur notre chemin et qu’on dort dans le village d’à côté. Comme à Uxmal, les prix ont vraiment atteint des hauteurs « adaptées au tourisme de masse nord-américain ». Mais une fois la douleur au porte-monnaie passée, force est de constater que le site, vaste et bien restauré, en vaut la peine! La grande pyramide de Kukulchan qui accueille les visiteurs à l’entrée est dans la liste (controversée) des Sept nouvelles merveilles du monde et en arrivant devant, on comprend pourquoi.

Le lendemain, après la traversée de Valladolid, on pousse jusqu’au cénote Suytun qui a de charmantes petites « cabañas » et qui fait un bon arrêt intermédiaire sur la route pour Cancún. L’endroit semble très populaire puisqu’il faut faire la queue pour faire une photo instagramable de soi dans ce bassin sous-terrain. On ne pousse pas le vice jusque là mais nous baignons avec plaisir sans oublier de se mettre dans l’arrière-fond histoire de faire profiter de nos bobines aux férus de selfie.

Le grand cénote aménagé de Seytun

Où aller après Cancún?

On se permet ce petit aparté parce que la question nous trotte dans la tête depuis un moment. Prendre l’avion, ou pas? Pour où? Voler loin pour cher? Viser l’Amérique centrale et sa moite chaleur? Costa Rica, puis Panama? Colombie, puis Équateur? Pérou, puis Bolivie? Le sud du Chili et sa célèbre Patagonie? Bref, il y’a du choix, mais aussi des contraintes: saison (apparemment février est le pire mois pour visiter le Pérou), possibilités de vols (pas de directs pour l’Équateur), dénivelé potentiel (traverser la cordillère des Andes ?). Mais le plus compliqué est (sans surprises) le labyrinthe des règles COVID, spécifiques par pays. Ca fait un moment que la célèbre Carretera Austral nous titille, et donc le Chili. Et donc probablement les règles sanitaires les plus complexes et les plus strictes du moment. De plus, les règles ne sont qu’en espagnol (c’est normal) et il faut s’immerger dans les communiqués et tweets de leur ministère de la santé pour comprendre les règles et leurs évolutions (effectives ou planifiées), sans oublier de contacter quelques ambassades pour tenter de vérifier ce qu’on pense avoir compris. On a longtemps cru qu’il fallait une troisième dose pour entrer au Chili; au final, il s’avère que nos deux vaccinations suffisent. On va donc tenter ça mais ça nous aura coûté bien quelques heures de recherches et d’ascenseurs émotionnels.

Encore deux jours de vélo pour rejoindre Cancún

Comme à notre habitude, on se fie à Google Maps pour trouver nos hébergements dans les villages le long de notre route, sous l’hypothèse qu’ils aient de la place. Et après un lever à 05h30 et 70km de vélo, on apprend vers midi que:

  • l’hôtel visé n’a pas de place,
  • les chambres à louer dans le magasin d’à côté sont aussi pleines,
  • il va pleuvoir.

On vise donc le prochain village qui semble avoir plusieurs hôtels, mais il est à 40km et il pleut, heureusement finement. On trouvera finalement un autre cénote avec cabañas. La météo exécrable nous coupe l’envie de faire trempette dans ce bassin circulaire de quelques 80m de profond. On passe la nuit en compagnie des moustiques et Margaux de son sac de couchage. On pense qu’elle a peut-être chopé une autre, petite, insolation. Le lendemain matin, il nous faudra jusqu’à midi pour comprendre pourquoi il fait si nuit en partant le matin, pourquoi nos montres analogiques sont soudainement décalées et pourquoi la nuit a paru si courte. (Vous l’avez?) L’état du Quintana Roo n’est pas dans le même fuseau horaire que le Yucatán; et nos ordinateurs de poche ont évidemment assuré la conversion pour nous réveiller bien assez tôt!

La dernière journée de vélo n’est pas la plus intéressante: le trafic en approchant de Cancún se fait plus dense et le bas-côté moins large. Mais on arrive finalement chez notre dernier hôte Warmshowers du Mexique: Hugo!

Hugo est un cycliste paraguayen qui a vadrouillé partout en Amérique latine, actuellement au Mexique où il fait des travaux de menuiserie et de peinture dans son quartier et accueille tous les cyclistes de passage qu’il peut dans sa modeste demeure. Pour fêter notre arrivée, on s’occupe de la dernière crevaison de Melvin qui semble les attirer comme des mouches sur un pot de miel. Hugo a déjà fait marcher ses contacts pour nous aider à trouver des cartons pour faire voler nos vélos et arranger un transport jusqu’à l’aéroport à bon prix (mais surtout, avec nos gros cartons!).

Pendant le super souper préparé en commun, la conversation nous révèle qu’il attend un couple d’allemands pour le lendemain. Du coup, malgré sa générosité sans bornes, on décide d’abréger notre séjour à une nuit, pour permettre au « suivants » de profiter de la chambre et du lit (plutôt que de les laisser dormir sur sol de la pièce à vivre) et on essaie de trouver un logement pour les quelques jours qui nous séparent encore de nos vols finalement pris pour lundi. Mais Hugo a de la générosité en rab; il insiste pour offrir un cadeau à chacun de ses hôtes de passage. Malgré notre commande spéciale pour une cuillère en bois local (du sapotier), il nous offrira encore un autre cadeau de sa fabrication! On a été très touchés par son accueil, ses bons conseils, son plaisir du partage. Sa cuillère nous le rappellera souvent!

Dans le prochain épisode, on vous dira tout sur notre séjour à rallonges à Cancún!

Totaux (au Mexique)
  • 1307 km à vélo
  • 2267m de dénivelé positif cumulé
  • 895km en bus
  • pneus crevés: 4 pour Melvin et 1 pour Arion